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Roméo Malenfant, Ph.D.
« Todos los que participan en este programa salen ganando: los voluntarios, los niños y la comunidad en general. 1 »
Cette réflexion a été faite par Rey Tejada, retraité et bénévole dans un programme de visite d'enfants en Californie.
Ayant oeuvré toute notre carrière dans le milieu des associations et des bénévoles, il était naturel que ma thèse de doctorat ait porté sur le sujet. Et c’est donc de la motivation des bénévoles dont il sera question dans cet article et les 2 suivants.
Le Señor Tejada nous souligne que tous y gagnent, y compris les bénévoles.
Mais alors, que retirent donc les bénévoles de leur action, de leur implication?
De nombreuses études ont été faites pour connaître la motivation des bénévoles comme si cette motivation était le moteur poussant une personne à s'impliquer. C'est pourquoi on a l'impression que la motivation a souvent un caractère « impur » lorsqu'on l'applique au bénévolat.
Or, selon nous, il faut voir la situation sous un autre angle.
Ce qu’il est important de déterminer, ce sont avant tout les évènements qui ont amené une personne à faire du bénévolat. Quelles sont les circonstances qui ont déclenché l'action de faire du bénévolat?
Il y a d'abord le sentiment qu'il faut rendre à la société ce qu'elle nous a donné. Et que nous a-t-elle donné? Le sens du devoir, le sens d'aide à autrui, le désir de faire du bien aux autres. Mais aussi la chance d’avoir un bon travail, de connaître le bonheur, de jouir de la vie. Nous retrouvons alors les bénévoles dans les oeuvres de bienfaisance, les organismes de charité. Mentionnons par exemple Tel-Aide et les Centres d'action bénévole.
Il y a aussi le désir d'améliorer la communauté qui nous entoure. Nous avons le sentiment que d'autres ont contribué à améliorer, à leur manière, cette communauté et nous voulons faire notre part pour les prochaines générations. On retrouve ces bénévoles dans des comités d'action civique, la protection de l’environnement, les scouts & guides, les 4-H, etc.
Un autre sentiment qui amène une personne à faire du bénévolat, c'est de faire plaisir à une personne qui nous est chère. Ou, si l'on préfère, notre incapacité à dire « non » à une personne que l'on connaît bien. C'est ainsi que de nombreux bénévoles s'impliquent pour la première fois à partir de ce sentiment. Bien connu dans le domaine de la collecte de fonds, ce sentiment est souvent sciemment utilisé d'ailleurs pour mettre en marche une campagne de sollicitation. Mais ce même sentiment existe aussi chez la personne à qui l'on demande de collaborer à la tenue de livres d'un organisme communautaire, ou d'une autre qui est sollicitée pour organiser un évènement paroissial. Il en va de même pour tous les bénévoles qui s’impliquent dans les loisirs et les sports auxquels participant leurs enfants et adolescents.
Un évènement qu'il est important de souligner aussi est le sentiment de remplir une obligation envers son employeur ou son emploi. C'est ainsi que le programme de promotion du bénévolat et du don de Imagine Canada comporte un volet fort important d'incitation des employeurs à l'encouragement du bénévolat parmi leurs employés. Et cela paraît bien dans un curriculum vitae. Et il n'y a pas de mal à cela. Nous retrouvons dans cette catégorie tous les bénévoles qui oeuvrent au sein de conseil d'administration; les personnes qui veulent changer de carrière et qui « tâtent » le terrain par le bénévolat, etc.
Un autre sentiment que nous retrouvons est le désir d'obtenir ou d'améliorer son statut personnel dans sa communauté, auprès de ses compagnons de travail ou ailleurs. Ce sentiment motive des bénévoles en leur faisant goûter les joies de travailler bénévolement pour et avec d'autres, dans un climat, disons-le, la plupart du temps réjouissant, stimulant et enrichissant.
D'autres personnes sont attirées par l'attrait que représente telle cause ou telle association particulière, soit parce que cette cause est perçue comme « noble », soit que cette cause en soit une que la personne a vécue personnellement ou via une personne proche. Ainsi, pourquoi certaines personnes oeuvrent-elles auprès de cancéreux? Souvent, parce que ces personnes ont vécu le cancer soit personnellement, soit dans leur environnement immédiat et qu'elles considèrent que c'est leur devoir d'aider d'autres personnes dans une telle situation.
D'autres individus ont besoin de se sentir en contrôle de la situation, exercer du pouvoir. Elles aiment diriger, être « en charge ». Et c'est tant mieux parce que, justement, d'autres personnes préfèrent de beaucoup se faire dire ce qu'il faut faire. Nous retrouvons ces personnes siégeant sur des comités organisateurs et des conseils d’administration.
D'autres personnes ressentent le besoin de démontrer leur habileté aux autres. Elles veulent mettre à la disposition des organismes leur capacité d'organiser, ou de rassembler, ou de tenir les livres, ou de coacher une équipe de sports.
Il y a enfin ceux qui désirent réduire leur sentiment de culpabilité, sentiment provenant soit de leur éducation, soit de leur croyance religieuse, soit d'une autre cause.
Voilà ce que beaucoup appellent des motivations à faire du bénévolat.
Mais est-ce que ce sont de vraies motivations? La suite dans le prochain numéro.
Pour en savoir davantage, nous vous invitons à communiquer avec nous ou vous référer au livre La Gouvernance et le Conseil d’administration et au Guide no. 5 : Les administrateurs, tous 2 de Roméo Malenfant, Ph.D, publiés aux Éditions D.P.R.M. Vous pouvez commander ces guides à la Boutique en ligne du RLSQ/CQSA
1Tous ceux qui participent à ce programme en sortent gagnant: les bénévoles, les enfants et la communauté en général. (traduction de l’auteur).
Publication février 2015