Gérer son apparence
Roméo Malenfant, Ph.D.
Dans Le Prince, Machiavel donne des conseils au Prince sur la manière de se comporter afin de mieux gouverner et conserver sa place prédominante dans la société d’alors. Ainsi, il indique
« Que les hommes en général jugent plus par les yeux que par les mains; car il échoit à chacun de voir, à peu de gens de percevoir. Chacun voit ce que tu parais, peu perçoivent ce que tu es; et ce petit nombre ne se hasarde pas à s’opposer à l’opinion d’une foule qui a la majesté de l’État qui la défend; (et surtout qui) considère la fin (avant tout). »
Il énumère alors une série de qualités que le Prince devrait posséder tout en ajoutant :
« Il n’est pas nécessaire d’avoir en fait toutes les susdites qualités, mais il est bien nécessaire de paraître les avoir. Et même, j’oserai dire ceci : que si on les a et qu’on les observe toujours, elles sont dommageables; et que si l’on paraît les avoir, elles sont utiles. »
Chaque jour, individuellement, nous nous occupons de l’image que nous projetons en nous assurant que notre apparence physique est toujours en notre faveur. Nous soignons notre image avant de faire une rencontre d’affaires en vérifiant si nos cheveux sont bien placés, etc. En résumé, nous nous assurons que notre apparence est conforme à ce que nous voulons que les autres nous perçoivent. Donc, nous gérons notre apparence.
Étendons un peu plus le concept. Chacun de nous se fait une image bien précise de soi et chacun se fait également une image très précise de l’image qu’il veut que les autres aient de lui; appelons cette image-ci une image projetée de soi. Ces deux représentations intérieures de soi sont généralement différentes. Or nous désirons que les gens qui nous entourent perçoivent cette image projetée au niveau que nous souhaitons. On peut même ajouter que nous désirons très fortement que notre patron, c’est-à-dire le conseil d’administration, perçoive cette image de nous de la meilleure façon possible. Ainsi, nous nous efforçons de présenter le meilleur dossier possible à nos confrères ou au président, nous soignons la présentation que nous voulons faire… Encore ici, plus ou moins consciemment, nous gérons notre apparence.
Que conclure de tout ceci ? Il appert que le directeur général essaie d’obtenir une rétroaction de son milieu qui correspond le plus possible à cette image intérieure qu’il se fait de lui-même.
Gérer son apparence pour un directeur général est fort important. D’une part, il doit être conscient du phénomène de sorte qu’il puisse la contrôler, l’utiliser, en un mot la gérer adéquatement pour lui-même. Car bien gérer notre apparence diminue notre anxiété face à notre milieu et nous permet de conserver cette confiance de nos confrères qui fait que nous pouvons supporter mieux le stress de notre emploi.
D’autre
part, le directeur général capable de gérer adéquatement son apparence peut
utiliser ce phénomène pour motiver ses employés en leur retournant des
rétroactions adéquates. En fait, c’est que recommande K. Blanchard dans son
livre « Le manager minute » sans toutefois faire référence à la gestion de
l’apparence.
Machiavel
nous dit qu’il est plus important de paraître avoir certaines qualités que de
les avoir en fait. Il faut cependant relativiser cette affirmation en rappelant
le vieux dicton « il n’y a pas de fumée sans feu ». Il en va de même pour
la gestion de l’apparence. Si le directeur général ne possède aucune réelle
qualité de gestionnaire, malgré tous ses efforts pour paraître les avoir, un
jour ou l’autre on découvre le pot aux roses.
C’est
pourquoi je conclus en disant que le directeur général doit être compétent dans
la gestion de l’intendance et habile dans la gestion de son apparence.
Pour en savoir davantage, nous vous invitons à communiquer avec nous ou référez-vous au Guide no 3 : Le directeur général en action, et le Guide no 9 : le directeur général en péril, de Roméo Malenfant, Ph.D, publié aux Éditions D.P.R.M. Vous pouvez vous procurer ces guides à la Boutique en ligne du Regroupement et de son Centre.
[1]
Machiavel, Le Prince, Paris, Flammarion (c1980). p. 160.
[1] Idem, p. 161.
Publication septembre 2014
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