Par Monique Gagné, CAÉ, Présidente, consultante en gouvernance
Accréditée en gouvernance stratégique®, Société de conseil OSBL PLUS INC.
Vous avez eu votre Assemblée générale annuelle des membres (AGA) vous avez de nouveaux administrateurs, qu’est-ce qui motive les administrateurs à venir passer des heures en réunion pour discuter et prendre des décisions concernant le présent et l’avenir de Votre association? Vous êtes-vous déjà posé la question? Est-ce que votre réponse est satisfaisante ou alors conduit-elle à d’autres questions? Nous allons tenter d’en savoir plus. Nous pouvons établir quatre paliers de motivation allant du plus superficiel au plus profond. Ces paliers sont : les déclencheurs ou les appâts; les motivations honorables; les motivations secrètes; la motivation profonde. Cela pourra avoir des incidences lors des réunions du Conseil d’administration.
1- Les déclencheurs ou les appâts
L’appât le plus fréquent est l’interpellation d’un ami ou d’un collègue. Quelqu’un demande directement à une personne de s’impliquer, de « donner un coup de main ». Et comme la personne à qui la demande est faite ne veut pas déplaire à cet ami ou collègue, elle accepte. La voilà impliquée!
Le deuxième élément déclencheur est d’être personnellement touché par la cause. Une personne qui a dû vivre de près le cancer sera portée à donner de son temps à une association œuvrant dans ce domaine. Une personne qui œuvre dans un commerce X aura tendance à vouloir s’impliquer dans l’association faisant la promotion de ce type de commerce. Un professionnel sera sensible à toute implication prônant l’avancement de sa profession.
Le troisième appât souvent utilisé est constitué d’un mensonge pieux, un mensonge qui a une saveur bienveillante : « tu vas voir, cela ne prendra pas beaucoup de ton temps, seulement quelques réunions par année ». Nous savons tous combien cette affirmation peut être mensongère, mais elle permet souvent « d’arracher » un « oui » à une personne hésitante, ou « si je suis capable tu l’es aussi ».
Un autre appât, plus concret celui-là, est le désir de faire progresser sa carrière. L’espoir d’améliorer ses chances d’emploi, remplir une obligation religieuse, le désir de mettre à l’épreuve ses habilités et son expérience, gagner son ciel. Ces déclencheurs sont très importants, car sans eux, les gens ne feraient pas l’effort d’utiliser leur temps de loisir à servir la communauté.
Il n’y a pas de meilleur appât que de solliciter directement une personne. Le défi est de savoir demander. Nous préconisons la transparence. Il est préférable qu’une personne dise « non » dès le départ, plutôt que d’avoir une ressource qui n’aura pas le temps de s’impliquer réellement. Lorsqu’une personne accepte un mandat et les responsabilités, qui en découlent en toute connaissance de cause, elle aura une implication beaucoup plus significative.
2-Les motivations honorables
Une fois que la personne est impliquée et siège à un Conseil d’administration, elle se prépare à répondre à la question « pourquoi. » Il lui faut une motivation avouable, honorable, qui puisse justifier son absence de la maison ou de son travail. Elle doit être capable de verbaliser quelque chose qui soit noble, dont elle puisse être fière et qui va susciter l’admiration de son entourage. Ces motivations honorables sont assez nombreuses. Jetons un coup d’œil sur les principales.
La réputation de l’organisation, comme l'attrait de sa mission, constitue une base solide de fierté. Être associé à un organisme qui affirme faire la différence dans la communauté est une source de bien-être personnel et d’admiration des autres. Cette motivation d’ailleurs milite fortement en faveur d’un système de gouvernance qui soit efficace et valorisant, et non pas un système qui fasse perdre leur temps aux gens.
Le désir de rendre à la communauté ce qu’on en a retiré. Les personnes « administrateurs » ont généralement une position dans la société qui est confortable. Elles sont conscientes que leur propre situation est en partie privilégiée et qu’elles sont redevables envers la société. Elles ont donc l’impression de « payer » un dû à la communauté en s’impliquant activement dans la gestion de l’un de ces organismes.
Le désir de mettre sa compétence personnelle et ses habiletés au service d’une cause, de sa profession, de son type d’activité, permet de rendre honorable l’implication d’une personne dans son association.
Les défis à relever constituent également une motivation honorable. Cette motivation se rapproche d’ailleurs du militantisme, terme moins d’actualité, mais démontrant toute la passion qu’une personne peut mettre dans son implication.
Un besoin précis dans la communauté ou dans sa profession peut justifier l’implication d’administrateurs et de bénévoles.
Il y a une multitude de « justifications » ou de motivations qui peuvent être exprimées par les administrateurs. Celles que nous avons mentionnées sont des exemples les plus courants. Ne soyez donc pas surpris si vous entendez d’autres expressions. Ce qui est important est de connaître ce que vos administrateurs avouent ouvertement comme étant leurs motivations. Ce sera pour vous un outil précieux pour conserver leur implication. Pourquoi ne pas prendre un peu de temps pour échanger sur les motivations des anciens et nouveaux administrateurs, lors de la première réunion du Conseil d’administration après votre AGA?
Nous verrons lors de notre prochaine chronique : les motivations secrètes et la motivation profonde des administrateurs.
Pour en savoir davantage, nous vous invitons à communiquer avec nous ou vous référez au livre La Gouvernance et le Conseil d’administration et au Guide no. 5 : Les administrateurs, tous 2 de Roméo Malenfant, Ph.D, publiés aux Éditions D.P.R.M. Vous pouvez commander ces guides à la Boutique en ligne du RLSQ/CQSA.
N’hésitez pas à consulter nos chroniques antérieures en vous rendant dans la section des chroniques sur la Gouvernance de ce site ou en nous contactant directement. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions ou besoins.
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Publication juillet 2014