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CHRONIQUES ET RESSOURCES





Le syndrome de l'omnipotence du président

 

Par Monique Dansereau, caé Vice‐Présidente Consultante en gouvernance Accréditée en Gouvernance Stratégique®1 Société de conseil OSBL Plus inc.

Avez‐vous déjà remarqué l’aura spéciale qui entoure un président de Conseil d’administration ? On dirait que, dès son élection à la présidence, une personne en devient une autre. Les autres administrateurs ont une certaine crainte de le critiquer, comme si critiquer le président était sacrilège. On dirait que les administrateurs sont prêts à lui passer n’importe quelle lubie : comme cela vient du président, on ne peut pas vraiment (se disent‐ils) s’y opposer.

Le Conseil d’administration va avoir une attitude de surprotection de son président en oubliant ses erreurs, en faisant semblant de ne pas voir ses comportements déviants, en étant incrédule devant des évidences qui, dans d’autres circonstances l’aurait fait violemment réagir. Les règles du « boss » semblent s’appliquent parfaitement au président :

Règle no 1 : le boss a raison ; Règle no 2 : le boss a toujours raison ; Règle 3 : si un subalterne a raison, c’est la Règle no 1 qui s’applique ; Règle no 4 : le boss n’est jamais en retard, il est retenu ; Règle no 5 : on entre dans le bureau du boss avec ses idées personnelles, on en ressort avec les idées du chef ; Règle no 6 : le boss est obligé de penser pour tout le monde ; etc. Il s’agit de mettre « président » au lieu de « boss » et le tour est joué.

Nous devons dire que cette attitude de soumission à un président élu, (nous avons même déjà vu que tous les administrateurs se lèvent quand le président entre dans la salle du Conseil…et oui jusque là!) peu importe ce qu’il fasse ou dise, une attitude de soumission à un président est une attitude que les administrateurs de Conseils devraient apprendre à éviter. En effet, combien de problèmes sont vécus dans les associations uniquement par cette attitude néfaste? Combien d’organisations ont reculé dans leur évolution parce qu’un bon jour, un président incapable a été élu? Combien d’énergies et de talents ont été perdus dans des organismes parce que, devant le syndrome de l’omnipotence et de l’omniscience du président, les personnes influentes et importantes ont quitté les Conseils qui ne savaient plus utiliser ses ressources humaines? Elles se comptent par milliers. Et pourquoi? Parce que le Conseil souffre du syndrome de l’omnipotence du président.

Les Conseils d’administration doivent apprendre que la première tâche d’un président est d’être au service des administrateurs et de l’organisation, et non l’inverse. Quelles sont alors les qualités requises pour jouer le rôle de président de façon adéquate?

Premièrement, la personne doit démontrer une capacité non équivoque à servir. Elle sera à la présidence pour aider les administrateurs à mieux fonctionner. Deuxièmement, elle doit être capable de démontrer une humilité réelle, qui n’est pas de la gêne ou de la peur, mais une saine humilité. Troisièmement, elle doit posséder des habiletés de leader pour aider le groupe à fonctionner harmonieusement. Ensuite, une grande capacité d’écoute : la personne qui parle constamment et qui coupe la parole aux autres ne possède manifestement pas cette qualité. Cinquièmement, la personne candidate à la présidence doit avoir démontré sa capacité à mener à bien les tâches qu’elle a déjà acceptées de réaliser. Enfin, on pourrait dire qu’un bon président doit être capable de communiquer adéquatement à l’interne (auprès des administrateurs) et à l’externe. En fait, le président a le rôle d’être le porte parole du Conseil d’administration ce qui veut impliquer qu’il ne porte pas « sa » parole personnelle, mais bien celle du Conseil d’administration.

Il faut se rappeler aussi que les apparences sont souvent trompeuses. Il arrive en effet qu’une personne, comme administrateur, possède toutes les qualités décrites et que, en toute bonne foi (ce qui est pratiquement toujours le cas) les administrateurs élisent cette personne à la présidence. Or, la présidence en soi, avec son aura d’omniscience et omnipotence, transforme cette personne en un véritable dictateur. Il faut alors beaucoup de clairvoyance et de courage à un Conseil pour encadrer étroitement son président ou encore pour le changer.

Il y a un ensemble de causes à effets qu’il faut considérer. Une organisation dynamique possède :

1) un Conseil d’administration efficace (i.e. qui accomplit adéquatement son rôle),
2) un président du Conseil qui a du leadership et qui connaît bien sa fonction,
3) un président‐directeur général qui agit comme un vrai chef d’entreprise et
4) un personnel compétent et dédié à la tâche.

Mettez une faiblesse dans ce système et vous affaiblissez toutes ses composantes. Donnez un pouvoir indu à l’un ou l’autre des éléments du système, et vous le paralysez. Or, le syndrome de l’omnipotence du président est un des plus grands dangers qui guettent les organisations et les Conseils d’administration. Reconnaissez le problème et vous l’aurez à moitié réglé. Un peu de courage fera le reste.

En conclusion, un bon système de gouvernance devrait permettre de prévoir la relève du président.

(1)« Gouvernance Stratégique® est une marque déposée de Consultants D.P.R.M. inc., utilisée sous licence »  

Pour en savoir davantage sur le rôle du président, nous vous invitons à communiquer avec nous ou vous référer au Guide no 1 : Le président du Conseil d’administration de la série : Les Guides pratiques pour une Gouvernance Stratégique® de Roméo Malenfant, Ph.D. Pour commander ce guide, visitez la Boutique en ligne.

 

Publication août 2011